Rien de nouveau sous le soleil ? L’épargne retraite volontaire ou facultative vous avait déjà embrouillé en mélangeant les appellations et endormi avec ses histoires de tunnel et de rente. Pourtant vous pourriez être agréablement surpris, car la loi PACTE a revu la copie du plan d’épargne retraite et le PERIN a quelques atouts pour vous séduire. Décryptage.
Ouvrir un PER individuel
Le Plan Épargne Retraite Individuel qui nous donne le doux acronyme PERIN est un produit d’épargne qui vous permet de préparer un complément de retraite par capitalisation. Vous choisissez des versements libres ou programmés pendant la phase d’épargne durant votre vie active. Au moment de la liquidation de votre PER individuel, vous recevez votre complément de retraite sous forme de rente viagère ou de capital.
Pourquoi ouvrir un PER Individuel ?
Parce que c’est plus simple qu’avant
Jusqu’à présent, lorsqu’on parlait retraite, on entendait parler de PERP, PERCO, Madelin et on allait souscrire… une assurance-vie.
À cause de quoi ?
Parce qu’il y avait d’un côté, l’assurance-vie adaptable, flexible, avec des retraits partiels et des versements complémentaires.
De l’autre côté, la difficulté à comprendre de multiples appellations peu lisibles s’ajoutait au manque d’intérêt pour un blocage de l’épargne à long terme et pour la rente en sortie.
Mais cela, c’était avant octobre 2019, la loi PACTE et le PER individuel.
L’objectif de ce nouveau plan épargne retraite individuel est de :
- reprendre les quelques points forts des différents produits existants ;
- de corriger ce qui les rendait peu attractifs ;
- de réunir les différents éléments de la retraite (individuelle, collective, obligatoire) dans un même produit ;
- de rajouter une petite carotte fiscale en prime pour attirer les fans de l’assurance-vie.
Pour profiter d’une déduction d’impôt sur le revenu
Vous pouvez choisir de déduire vos versements d’épargne de vos revenus d’activité. Le détail des plafonds et des reports possibles est détaillé un peu plus loin. Pour en savoir plus : déduction d’impôt sur le revenu avec le PER.
Parce que vous pouvez débloquer votre PERIN pour acheter votre résidence principale
Pour se motiver à épargner pour la retraite à 35 ans, il faut une sacrée longue-vue. Même chose finalement à 40 ans… L’idée de faire des efforts au quotidien pour en profiter 30 ans plus tard n’est pas facile à accepter. Par contre, si vous pouvez débloquer cette somme pour acheter votre maison, ça change un peu la donne, n’est-ce pas ?
Parce qu’en sortie vous pouvez profiter d’un capital plutôt que d’une rente
Voir vos efforts d’épargne récompensés par une rente, c’est pas mal mais cela peut vous sembler un peu trop rigide, cela s’entend ! La retraite même si c’est encore loin, vous avez envie d’en profiter comme vous l’entendez. Si vous décidez de partir et d’acheter un appartement au soleil, vous voulez pouvoir le faire. Ça tombe bien puisque le PER individuel permet une sortie en capital en totalité ou une rente.
Qui peut ouvrir un PER Individuel ?
Que vous soyez salarié, indépendant, chef d’entreprise, fonctionnaire, demandeur d’emploi, vous pouvez ouvrir un PER Individuel. Les seuls impératifs sont de résider en France et d’être une personne physique. Il n’y a pas de limite d’âge non plus. Mineurs ou retraités, c’est aussi pour vous.
Comment ouvrir un PER individuel ?
Lorsque vous voulez souscrire à un PERIN, vous devez choisir entre 2 formules.
Ne paniquez pas, ça va rester simple.
Le PERIN assurance est souscrit auprès d’un assureur et le PERIN bancaire auprès d’une banque.
Leurs principales différences entre les deux viennent de la nature des placements qui les composent :
- Le PERIN assurance est basé sur des investissements en fonds euros ou unités de comptes (au rendement plus important que les premiers).
- Le PERIN banque est composé de titres, de Fonds Communs de Placement (FCP) ou de Fonds Communs de Placement Entreprise (FCPE).
L’épargne est-elle bloquée sur le PER individuel ?
Le PER est ce que l’on appelle un placement tunnel. On investit pour sa retraite donc en principe l’épargne est bloquée jusqu’au… départ en retraite. Mais — c’est un des points forts de ce produit —, il existe des possibilités de sorties anticipées.
Elles seront détaillées un peu plus loin.
Comment choisir le meilleur PER individuel ?
Le mieux est de vous adresser à un conseiller financier. Mais vous pouvez déjà vous concentrer sur les points suivants pour vous faire une première idée :
- vous assurer de la réputation de l’émetteur du PERIN ;
- faire le point sur les frais d’entrée, les frais de gestion annuels (vous allez les payer pendant quelques années), les frais d’arbitrage et de sortie ;
- choisir un PER avec une large offre de fonds support ;
- réfléchir au mode de gestion qui vous convient, piloté ou libre ;
- avoir une idée précise du déroulement de la sortie. La sortie en capital est imposée à l’Impôt sur le Revenu (si vous avez déduit vos versements de votre revenu imposable comme cela est prévu par défaut). Pour ne pas être trop imposé d’un coup, mieux vaut privilégier les PER offrant les possibilités de sorties avec un étalement dans le temps sans limite de durée.
Comment alimenter son PERIN
Les versements
Vos versements sont libres. Vous pouvez les programmer ou décider qu’ils seront ponctuels.
Attention, voilà la carotte fiscale. Vos versements sont déductibles du revenu imposable par défaut.
Si vous ne voulez pas les déduire (parce que vous estimez que votre Taux Marginal d’Imposition TMI sera plus important en sortie de plan), vous devez le mentionner.
Déductibilité OK, mais, il y a quand même un plafond et des reports possibles à connaître:
- Si vous êtes salarié, vous pouvez verser sur votre PER jusqu’à 10 % de vos revenus professionnels nets. Le report des plafonds non consommés est possible sur 3 ans et mutualisable entre conjoints ou partenaires pacsés ;
- Si vous êtes Travailleur Non Salarié (TNS), vous pouvez verser sur votre PERIN jusqu’à 10 % de votre bénéfice imposable (dans la limite de 8 fois le Plafond Annuel de la Sécurité Sociale PASS) augmenté de 15 % supplémentaires pour la partie du bénéfice comprise entre 1 et 8 fois le PASS.
Le transfert d’un ancien contrat
C’est l’autre moyen d’alimenter Votre PERIN et la loi PACTE l’encourage. Cependant, faites le tour de la question avec un professionnel avant de prendre votre décision. Vous allez comprendre par la suite pourquoi l’arbitrage n’est pas si simple.
Transférer un PERP vers un PERIN
Pour le Plan d’Epargne Retraite Populaire PERP vers le nouveau PERIN, le transfert est possible à tout moment et sans condition.
Mais, si les sorties en capital sont limitées à 20 % dans un PERP, elles bénéficient d’un taux d’imposition favorable de 15,85 %, prélèvements sociaux inclus. Dans le PERIN, la sortie en capital peut se faire certes à 100 %, mais si les cotisations ont été déduites du revenu imposable, le capital sera soumis à l’IR et les plus-values au Prélèvement Forfaitaire Unique PFU de 30 %.
Transférer un Madelin vers un PERIN
Idem pour le Madelin, le transfert peut se faire quand vous voulez, sans condition.
Mais, certains contrats Madelin offrent des garanties techniques plutôt intéressantes comme le taux du fond en euros, qui disparaîtront dans le PERIN.
Transférer un contrat d’assurance-vie vers un PERIN
Pour un contrat d’assurance-vie, l’opération peut être très intéressante. Par contre on parle ici d’un retrait avant de réinvestir les sommes dans un PERIN et non plus d’un simple transfert. Ceci étant précisé, si vous détenez votre contrat d’assurance-vie depuis plus de 8 ans, et que vous réalisez cette opération au moins 5 ans avant le début de votre retraite, l’abattement sur vos intérêts est doublé et cela est valable jusqu’en 2022.
Combien coûte le transfert d’un ancien contrat ?
Si vous détenez votre PERP ou un Madelin depuis plus de 10 ans, le transfert vers le PERIN est gratuit. Pour une durée de détention inférieure, 5 % vous seront facturés.
Pour un PERCO, les frais de transferts doivent se limiter à 1 % des droits acquis. Ils deviennent nuls, si vous le détenez depuis plus de 5 ans.
Les compartiments du PER Individuel
C’est une des nouveautés de ce plan. Le PER individuel vous suit tout au long de votre activité professionnelle, même quand vous passez de salarié à indépendant et vice versa. Il regroupe dans une même enveloppe les différents éléments de votre épargne retraite répartis dans 3 compartiments aux règles fiscales différentes.
- le compartiment Individuel [ou compartiment 1] regroupe les versements volontaires que vous réalisez. Vous pouvez y transférer vos contrats Plan Épargne Retraite Populaire [salarié], Madelin [chef d’entreprise], Préfon et Corem [fonctionnaire] ;
- le compartiment collectif [ou compartiment 2] pour les primes d’épargne salariale. Vous y retrouvez donc l’intéressement, la participation, l’abondement de votre employeur, les jours de repos y compris ceux du Compte Épargne Temps et votre ancien PERCO transféré.
- le compartiment catégoriel [ou compartiment 3] pour les cotisations obligatoires [salarié et employeur]. Vous pouvez aussi y transférer la partie cotisations obligatoires des anciens plans d’épargne entreprise de type article 83.
Comment choisir entre PER individuel ou collectif ?
Si vous êtes salarié, et que votre entreprise a mis en place ce dispositif, vous pouvez ouvrir un PER collectif (PERCOL). Dans un PERCOL, votre entreprise participe à votre effort d’épargne et ces sommes ne sont pas imposées. Mais rien ne vous empêche d’avoir un PERIN en plus d’un PERCOL pour diversifier votre épargne. Le mieux est d’en parler avec votre conseiller financier.