L’Inde, avec son économie dynamique et en plein essor, attire de plus en plus l’attention des investisseurs internationaux. Ce géant d’Asie du Sud, connu pour sa diversité culturelle et son histoire riche, est également un acteur majeur sur la scène économique mondiale. 

Pour commencer

Nos conseils d’investissement en Inde

1. Un acteur économique de premier rang

Les indices économiques, tels que ceux des directeurs d’achat, ne sont pas toujours captivants et peuvent prêter à confusion avec leurs fluctuations mineures. Cependant, l’Inde, en tant que troisième économie mondiale, présente des aspects plus prometteurs. Les immatriculations de deux-roues, un secteur comprenant motos et scooters, sont revenues aux niveaux de 2019, montrant une reprise régulière. Ces statistiques, complétées par les données sur les voyages aériens et la consommation de carburant, révèlent une consommation en hausse et un pays en pleine transformation, avec une classe moyenne en expansion et une meilleure accessibilité aux services éducatifs, de santé et financiers pour tous.

 

L’Inde est reconnue pour sa production à faible coût et sa demande croissante. De plus, le pays se distingue dans plusieurs domaines innovants. Des investissements massifs dans la technologie et la fabrication, considérant l’Inde comme un centre industriel moins risqué que la Chine, ont été annoncés. Le principal indice boursier indien, le BSE Sensex, regroupant d’importantes banques et entreprises, a augmenté de 20 % en un an, avec un ratio cours/bénéfice attractif. En comparaison, le Dax 30 allemand présente un ratio inférieur. L’Inde a encore un potentiel de croissance, notamment si le gouvernement favorise davantage d’investissements étrangers.

 

Enfin, les indicateurs classiques, comme la croissance annuelle du PIB de 6 % depuis 2014, et le dépassement de la Chine en termes de population, témoignent du dynamisme de l’Inde. Un facteur clé est l’âge moyen de la population, sensiblement inférieur à celui de la Chine, signalant un potentiel de marché jeune et en développement.

 

2. L’essor de l’économie indienne : stabilité et croissance durable

L’Inde se distingue comme le marché émergent connaissant la plus rapide croissance économique. Avec une prévision de croissance dépassant 6% en 2024, elle se positionne devant la Chine et d’autres économies en plein essor comme l’Indonésie et Taïwan. Bien que cette croissance soit moins spectaculaire que les 8% des années 2000, elle marque un rebond significatif par rapport à la période pré-pandémique.

 

Ce développement n’est pas le fruit d’une politique de relance effrénée. Le gouvernement de Narendra Modi privilégie la stabilité macroéconomique, se concentrant sur le contrôle de l’inflation plutôt que sur une politique de dépenses effrénées. Cela se traduit par une gestion rigoureuse des déficits budgétaires et courants.

 

Selon Murali Yerram de Franklin Templeton, cette croissance économique généralisée booste aussi les profits des entreprises. La participation croissante des investisseurs locaux sur le marché boursier est également notable. Les dépenses publiques jouent un rôle clé dans cette dynamique, mais contrairement à la Chine, l’Inde mise sur une utilisation judicieuse des recettes fiscales plutôt que sur l’endettement massif. Depuis près d’une décennie, Modi a accru les recettes fiscales grâce à l’instauration d’une Taxe sur les Produits et Services (TPS) variant entre 5 et 28%.

 

Ce système fiscal, en place depuis 2017, a progressivement renforcé les recettes de l’État. L’Inde a également entrepris des réformes bancaires significatives avec l’ouverture de près de 500 millions de nouveaux comptes, augmentant l’accès bancaire des adultes de 35% en 2011 à près de 77% en 2021, avec une majorité de titulaires féminins.

3. Election indienne et perspective économique 

L’élection imminente en Inde est déterminante, avec Narendra Modi briguant un troisième mandat. Murali Yerram de Franklin Templeton prévoit une diminution des dépenses publiques, liée à une stagnation des recettes fiscales. Cependant, l’OCDE reste positive, suggérant que les ajustements budgétaires pourraient bénéficier au secteur privé. Malgré des coupes possibles, les dépenses gouvernementales restent importantes, avec des investissements prévus dépassant les 100 milliards de dollars.

 

Yerram observe une forte santé financière des entreprises indiennes, anticipant une croissance économique robuste. Les investissements privés se dirigent vers des secteurs clés tels que les semi-conducteurs et l’énergie solaire. Bien que la bourse indienne ait sous-performé par rapport à la croissance des bénéfices, une réévaluation est possible en 2024 si la croissance est perçue comme durable.

 

Les élections sont vues comme un point de bascule potentiel par Barclays, avec des perspectives de renforcement de l’industrie manufacturière et de développement des infrastructures, offrant des opportunités supplémentaires de croissance pour l’économie indienne.

4.  Un marché émergent propulsé par sa classe moyenne

L’Inde se distingue comme un marché émergent attrayant grâce à sa démographie jeune et sa classe moyenne en expansion. Contrairement au Nigeria, dont la jeunesse n’a pas encore stimulé l’économie de manière significative, ou au Japon, où une population vieillissante a tout de même entraîné une bonne performance en 2023, l’Inde combine croissance démographique et augmentation de la richesse.

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Cette dynamique attire les entreprises internationales telles que Haleon (HLN), qui connaît une croissance significative en Inde, surpassant largement celle des marchés développés. Le développement massif du transport aérien intérieur, avec des commandes importantes d’avions auprès d’Airbus et Boeing par Air India et IndiGo, illustre la réponse croissante à la demande de cette classe moyenne.

 

Les réformes gouvernementales, notamment fiscales, ont amplifié le pouvoir d’achat, comme le montre l’augmentation des acquisitions de biens de luxe et la facilité d’accès au financement pour ces achats. L’Inde se distingue également par son exportation de services et de technologies, notamment dans le domaine de l’informatique et de l’intelligence artificielle, grâce à des entreprises comme Infosys et Tata. Avec le plus grand nombre de diplômés en ingénierie au monde et un secteur des services bien établi, l’Inde est en train de se positionner comme un leader de l’innovation numérique mondiale.

5. L’économie indienne est-elle la nouvelle Chine ?

La croissance rapide de l’Inde, marquée par un essor des infrastructures, une classe moyenne en expansion et un développement technologique local, évoque des similitudes avec la Chine des dernières décennies. La comparaison s’est intensifiée depuis que l’Inde a dépassé la Chine en population en 2023, et son PIB par habitant est aujourd’hui équivalent à celui de la Chine il y a 20 ans, période de forte accélération économique.

 

Néanmoins, des différences notables séparent les deux géants asiatiques. La croissance chinoise a été fortement stimulée par les liquidités publiques et les exportations à bas prix, tandis que l’Inde s’appuie davantage sur les revenus fiscaux avec un investissement total représentant environ 30% de son PIB, contre 45% parfois pour la Chine.

 

Les analystes de Bernstein estiment que bien que l’Inde ne suive pas exactement le même chemin d’investissement frénétique que la Chine, sa trajectoire est plus durable et ses investissements pourraient avoir des effets plus durables. Ils ajoutent que l’Inde entretient des relations commerciales plus étroites avec l’Europe et l’Amérique du Nord, éliminant le besoin d’imiter technologiquement les grandes puissances, un défi auquel la Chine a dû faire face.

 

Selon GQG Partners, l’Inde, qui était autrefois perçue comme une économie émergente fragile, se distingue maintenant clairement de la Chine. Rajin Jain de GQG souligne que le ratio dette/PIB de l’Inde est bien inférieur à celui de la Chine, et les entreprises indiennes affichent un rendement des capitaux propres supérieur, témoignant de la solidité commerciale de l’Inde.

 

Cependant, la Chine reste un pays plus riche et cette situation devrait perdurer. L’un des défis majeurs pour l’Inde concerne l’utilisation optimale de sa main-d’œuvre dans la prochaine décennie. Le taux d’activité en Inde est d’environ 51%, contre 76% en Chine. De plus, le marché du travail en Inde est principalement masculin, avec une participation féminine en baisse constante depuis 20 ans, un aspect que Barclays identifie comme un potentiel levier de croissance économique pour l’Inde.

6. Les défis des 3C pour l’économie indienne : Conglomérats, Corruption et Changement Climatique

L’investissement en Inde présente des risques spécifiques liés aux conglomérats, à la corruption et au changement climatique. Malgré ses avancées, l’approche antilibérale du gouvernement Modi peut limiter son attractivité auprès de certains investisseurs.

 

Conglomérats : La diversité et la gestion des conglomérats indiens, tels qu’Adani et Reliance Industries, représentent un défi majeur. La complexité de leur valorisation et gestion suscite des inquiétudes, en particulier suite à des allégations de structures secrètes chez Adani. Reliance, sous contrôle familial, est néanmoins un acteur majeur, notamment dans le domaine de l’énergie verte, avec des projets ambitieux dans le solaire et l’hydrogène.

 

Changement Climatique : L’Inde, encore largement agraire, est fortement impactée par le changement climatique. La dépendance au charbon reste un enjeu, malgré l’amorce d’une transition vers les renouvelables. La consommation de charbon reste élevée et son remplacement progressif nécessitera des investissements conséquents et du temps.

 

Corruption : La lutte contre la corruption reste un défi persistant. Malgré les efforts de numérisation de l’économie par le gouvernement Modi, l’Inde peine à améliorer son image en la matière, se classant derrière des pays comme le Sénégal et l’Afrique du Sud selon Transparency International.

 

Ces facteurs, combinés à la nature complexe de l’économie indienne, rendent l’investissement dans le pays à la fois potentiellement fructueux mais également risqué, nécessitant une analyse approfondie et une compréhension claire des dynamiques locales.

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Ruben Brami
Auteur
Fondé par un ancien de Rothschild & Co à Paris, Twenty-Six Patrimoine propose une approche 360 de la gestion de ses patrimoine à ses clients. Moderne, ingénieux et hybride, entre un cabinet traditionnel et un family office, notre volonté est de...
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