Pourquoi la hausse des taux d’intérêt n’est pas que positive pour les banques, la mise en place de l’audit énergétique et la situation de la Deutsche Bank

Par Ruben Brami, Twenty-Six Patrimoine

???? Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

  • Les marchés regagnent en sérénité

Les marchés ont bien performé cette semaine avec la réduction du stress bancaire, annulant ainsi complètement la baisse enregistrée mi-mars. Sur la période, les actions mondiales (indice MSCI AC World) reprennent 3,03%. En Asie, le Nikkei a progressé de 2,03%, le Hang Seng de 2,76% et le Shanghai 180 a finalement pris 0,42%. L’Europe progresse fortement, l’indice Euro Stoxx de 4,38% et le CAC 40 de 3,08%. Outre atlantique, la hausse des indices est nette, de 3,00% sur le NASDAQ 100, 3,17% pour le S&P 500, et 3,09% sur le Dow Jones. Sur le marché des taux, on observe de nouvelles tensions sur fonds de résilience des économies et de lutte contre l’inflation réaffirmée en Europe, ce qui annule une partie de la baisse des taux observée depuis 3 semaines : à 2,82%, l’OAT 10 ans reprend 13bp sur la période mais recule encore de -29bp depuis le début de l’année.

  • Le rythme de hausse des banques centrales devrait ralentir 

Dans ce contexte moins anxiogène, l’attention se porte à nouveau vers l’inflation dont les données de mars montrent que la partie sous-jacente, hors énergie et alimentation, reste dynamique, renforçant les attentes en faveur de resserrements monétaires et soutenant le rebond des taux souverains. Si la BCE ne devrait pas abandonner son cycle de hausse de taux, elle devrait le faire à un rythme plus lent. Lors de la dernière réunion monétaire, Isabel Schnabel aurait poussé pour continuer à signaler davantage de hausse des taux directeurs dans les mois à venir, témoignant ainsi de sa confiance dans le secteur bancaire européen. Aux Etats-Unis, le président de la Fed a indiqué que les gouverneurs envisageaient une dernière hausse de 25pb et que la politique monétaire devait continuer à exercer une pression à la baisse sur l’inflation, malgré les turbulences.

  • La fin du metaverse ? 

Tencent, Disney, Microsoft… Après un début d’année 2022 dans la lumière, le metaverse agonise. Handicapé par de lourds défauts de graphisme, le metaverse essuie également les plâtres d’un marché crypto qui ne l’a que trop blessé. Fragilisé, le terme de « metaverse » a alors essayé de panser ses blessures avec les géants du Web 2, GAFAM et d’autres sociétés internationales avides de trouver une seconde vie dans un monde virtuel. En février, c’est Microsoft qui annonçait la suppression de 10000 emplois dont son équipe metaverse pour se concentrer sur l’intelligence artificielle. Tencent (qui possède l’application de messagerie WeChat et 20 % des parts d’Universal Music Group, entre autres) a aussi laissé tomber l’idée de lancer du matériel de réalité virtuelle. Plus récemment, c’est Disney qui a confirmé le licenciement de l’équipe d’une cinquantaine d’employés chargés d’intégrer l’entreprise à l’univers virtuel. Cette opération entre dans le cadre d’une vague de licenciements de masse, visant à faire économiser plus de 5 milliards de dollars à la firme.

????️ Le dossier de la semaine :  pourquoi la hausse des taux d’intérêt n’est pas exclusivement positive pour les banques ?

Bien que la hausse des taux d’intérêt puisse sembler bénéfique pour les banques, qui profitent d’une plus grande différence entre les taux qu’elles facturent aux emprunteurs et ceux qu’elles paient pour se financer (donc qui gagnent plus d’argent), les récentes crises économiques en Amérique du Nord et en Europe ont révélé une réalité beaucoup plus complexe qui remet en question cette idée reçue. En Europe, certaines banques se retrouvent piégées avec des portefeuilles importants de prêts à taux d’intérêt fixe bien inférieurs aux niveaux actuels, tandis que d’autres ont une proportion plus élevée de prêts à taux variable et peuvent immédiatement facturer des taux plus élevés pour les prêts existants. Toutefois, ces dernières risquent une vague de défauts de paiement de la part d’emprunteurs qui ne peuvent plus se permettre de rembourser leur dette. Aussi, la question des émissions des obligations d’Etat se pose. En effet, les banques détiennent de plus en plus de liquidités en raison des réglementations post-crise financière qui limitent leur prise de risque. Les obligations achetées il y a un an ont perdu de la valeur, car les taux d’intérêt proposés sont inférieurs à ceux actuellement disponibles. Cela peut poser problème si les banques sont contraintes de vendre ces obligations pour répondre aux demandes de leurs déposants. Par ailleurs, les déposants peuvent avoir un comportement imprévisible en cherchant des endroits plus rentables pour investir leur argent, comme les fonds du marché monétaire et la cryptomonnaie, si les banques tardent à augmenter les taux d’intérêt pour les comptes d’épargne (livret A, compte à terme etc). 

1) Les banques peuvent réaliser des pertes sur leurs placements obligataires


Les banques achètent régulièrement des dettes publiques très sûres afin de répondre aux exigences réglementaires qui impliquent de détenir une quantité minimum d’actifs liquides de haute qualité. Sauf qu’avec la hausse des taux, la valeur de ces obligations a fortement chuté. Le problème est que lorsqu’une banque se retrouve à court de liquidités pour faire face aux sorties de dépôts, comme cela s’est produit pour la Silicon Valley Bank, elle peut être forcée de vendre une partie de son portefeuille « détenu jusqu’à l’échéance », cristallisant ainsi les pertes et effrayant potentiellement les investisseurs et les déposants. Selon les analystes, les banques européennes seraient mieux loties que les banques américaines car elles semblent avoir couvert une grande partie du risque de taux. Cela élimine le problème des pertes non réalisées affectant la capacité d’une banque à prêter, car les impacts sur la valeur des obligations se produisent en temps réel (les règles sont différentes pour les banques américaines, où le capital réglementaire ne reflète pas l’effet des taux d’intérêt en vigueur sur la plupart des obligations). 

2)La hausse des taux pose un double défi au niveau des prêts des portefeuilles d’actifs des banques


Les banques qui sont en mesure de répercuter les hausses de taux sur les clients via des prêts à taux variable ont bénéficié d’une augmentation de leurs revenus en 2022. Les prêts à taux fixe ont moins de risques de défaut, mais ils constituent également un frein à la rentabilité pour les banques dont les propres coûts de financement vont augmenter. Des taux plus élevés entraînent également davantage de défauts de paiement, bien que les prêts non performants restent à des niveaux bas dans l’UE où seulement 1,5% des prêts hypothécaires étaient classés comme créances douteuses en septembre, selon les dernières données disponibles de l’Autorité bancaire européenne. 

Les prêts à taux variable sont de plus en plus populaires dans la zone euro, mais les prêts hypothécaires fixes représentent encore environ les trois quarts du total, selon les données de la Banque Centrale Européenne. La proportion varie selon les pays – une étude de la BCE en 2019 a révélé que les produits à taux fixe ne représentaient que 4,5 % des prêts hypothécaires au Portugal, mais plus de 80 % en France. La situation est plus compliquée aux États-Unis, où les prêts hypothécaires à taux variable représentent moins de 10 % du total des prêts hypothécaires, mais 36 % de ceux détenus dans les bilans bancaires, selon les données de la Federal Deposit Insurance Corporation.

3)L’exposition des banques à l’immobilier commercial a été identifiée comme une « vulnérabilité clé » par la BCE

Les prêts immobiliers commerciaux sont particulièrement ciblés pour les banques. Outre la flambée des taux d’intérêt, les investisseurs immobiliers sont confrontés à des valorisations plus faibles en raison des changements liés à la pandémie dans les habitudes de travail et d’achat. L’exposition des banques européennes à l’immobilier commercial a été identifiée comme une « vulnérabilité clé » par la BCE. Le coût de la dette a doublé en un an et les analystes s’attendent à ce que les turbulences dans le secteur bancaire aggravent les problèmes de refinancement. « Les normes de prêt à l’avenir seront plus strictes », a déclaré Zachary Gauge, analyste immobilier chez UBS. « Nous n’avons pas vu énormément de ventes forcées, mais il y a des actifs qui sont en difficulté. » L’assombrissement du contexte a ravivé les inquiétudes concernant l’immobilier commercial, les banques régionales étant les principales prêteurs du secteur qui pourrait être durement touché si le financement se tarissait, tandis que les banques pourraient souffrir si les prix de l’immobilier chutent et que les défauts de paiement augmentent.

4)Les prêts à effet de levier souvent utilisés par les sociétés de capital-investissement pour financer leurs acquisitions inquiètent 

Les régulateurs sont préoccupés par l’exposition des banques au crédit privé en pleine croissance, en particulier les prêts à effet de levier qui sont souvent utilisés par les fonds de capital-investissement pour financer leurs acquisitions. Ces prêts comportent des risques tels qu’un effet de levier élevé, des hypothèses de remboursement agressives et des clauses restrictives faibles ou des conditions permettant aux emprunteurs d’augmenter leur dette. Bien que ces prêts soient souvent à intérêts à taux variable, leur valeur ne diminue pas automatiquement lorsque les taux augmentent, et cela peut être problématique pour les entreprises surendettées qui ont du mal à faire face aux coûts croissants de leurs dettes. Les banques surveillent également attentivement le crédit aux fonds spéculatifs qui ont fait de gros paris sur les taux d’intérêt, notamment le fonds Rokos, qui a été contraint de donner des garanties supplémentaires aux banques après l’échec de ses paris.

5)Une sortie des capitaux des banques pour aller chercher plus de rendement se produit

Lorsque les taux d’intérêt et l’inflation augmentent, les épargnants s’attendent à ce que leur argent travaille davantage. Cela ne se produit pas toujours dans les banques, ce qui peut inciter les clients à retirer leur argent ailleurs. Aux États-Unis, le total des dépôts bancaires a chuté de 3,3 % depuis que la Fed a commencé à relever les taux d’intérêt l’année dernière, les épargnants recherchant des alternatives à rendement plus élevé au taux d’intérêt de 1 % proposé par de nombreuses banques américaines, comme les 4 % qu’elles peuvent obtenir provenant de fonds du marché monétaire. La tendance s’est accélérée au moment où SVB et Signature Bank ont ​​fait faillite. Les dépôts dans les banques américaines ont le plus diminué en près d’un an au cours des sept jours précédant le 15 mars. Les données de la Fed montrent que les sorties de dépôts – qui s’élevaient globalement à 98,4 milliards de dollars, soit 0,6% du total – provenaient de petites banques, tandis qu’il y avait une augmentation des dépôts chez des concurrents plus importants. 

Dans la zone euro, les déposants ont retiré 214 milliards d’euros au cours des cinq derniers mois, soit 1,5% du total des dépôts, selon les données publiées cette semaine par la BCE. La baisse s’est accélérée en février, le dernier mois pour lequel il existe des données, les déposants ayant réduit leurs avoirs de 71,4 milliards d’euros, la plus forte baisse mensuelle depuis le début des enregistrements en 1997. Les banques européennes ont pu remplacer une partie du financement des dépôts par l’émission d’obligations sécurisées, qui sont garanties par un pool de prêts immobiliers, a déclaré Luca Bertalot, secrétaire général de la Fédération hypothécaire européenne.

En conclusion, la hausse des taux d’intérêt n’est pas toujours bénéfique pour les banques. Bien qu’une augmentation des taux puisse se traduire par une augmentation de la marge d’intérêt nette, les banques peuvent être exposées à des risques tels que des pertes potentielles sur leurs investissements et des défauts de paiement de la part de leurs emprunteurs. En outre, la hausse des taux peut réduire la demande de crédit, ce qui peut affecter la croissance future des banques. Par conséquent, les banques doivent être prudentes dans leur gestion des risques et se concentrer sur l’obtention de sources de revenus durables pour garantir leur rentabilité à long terme.

???? Immobilier : mise en place de l’audit énergétique au 1er avril pour les acheteurs et les vendeurs

À compter de ce samedi 1er avril, les propriétaires de passoires thermiques devront réaliser un audit énergétique de leur logement avant de le mettre en vente. Qu’est-ce que cela signifie ? 

Les propriétaires de logements classés F ou G devront fournir un audit énergétique en cas de vente, afin de sensibiliser les futurs acheteurs aux questions de transition écologique et énergétique et de proposer des scénarios de travaux d’amélioration de la performance énergétique du logement. Cette mesure s’ajoute à l’interdiction de la location des logements classés G à partir du 1er janvier prochain.

L’audit énergétique comprend des estimations des coûts des travaux nécessaires ainsi que les aides publiques disponibles pour les propriétaires. Cette obligation concerne les maisons individuelles et les immeubles détenus par un seul propriétaire. Les copropriétaires ne sont pas concernés par cette mesure. L’audit a une durée de validité de cinq ans et peut être effectué par différents professionnels qualifiés tels que des diagnostiqueurs immobiliers certifiés, des bureaux d’études, des entreprises qualifiées ou des architectes formés en conséquence. Les maisons individuelles peuvent également être auditées par des entreprises disposant du label « Reconnu garant de l’environnement (RGE) ». La mesure sera étendue aux logements classés E au 1er janvier 2025 et à ceux classés D début 2034.

Comment cela affectera-t-il le marché de l’immobilier ? Il est difficile de prévoir avec certitude l’impact de cette mesure sur le marché immobilier, mais des tendances semblent se dessiner. Selon Cécile Roquelaure, directrice des études pour le courtier Empruntis, les banques prêtent plus d’attention aux DPE pour les investissements locatifs, mais moins pour les résidences principales où les DPE ne sont pas actuellement une raison de refus de prêt. Pour les propriétaires de logements énergivores, le principal risque est que la liste des travaux à réaliser dans l’audit effraie les acheteurs. Ces derniers sont souvent méfiants, et si vous achetez un tel bien, il est conseillé d’avoir un budget conséquent pour effectuer les travaux immédiatement afin de ne pas subir une moins-value en cas de revente subie. Les accidents de la vie, tels que le divorce, la perte d’emploi ou le décès d’un conjoint, peuvent contraindre un propriétaire à revendre son bien plus tôt que prévu, et s’il n’a pas amélioré l’efficacité énergétique de son logement, cela peut l’exposer à des risques financiers importants.

???? Économie : que se passe-t-il à la Deutsche Bank ?

La Deutsche Bank est-elle le prochain Credit Suisse ? La semaine dernière, le cours de l’action a chuté de plus de 10 %. Cette chute a été provoquée par une forte augmentation des CDS (credit default swaps) de la banque, qui reflètent le coût de l’assurance contre l’insolvabilité de la banque pour ses détenteurs d’obligations. Certains pensent que l’élément déclencheur a été l’annonce d’un remboursement anticipé des obligations de niveau 2. Bien qu’en théorie, il ne s’agisse pas d’un signal de faiblesse, le marché l’a interprété comme tel. En raison des problèmes structurels de longue date de la Deutsche Bank, le marché a tendance à tirer des conclusions négatives. Toutefois, de nombreux analystes se sont demandé pourquoi la banque, qui a enregistré dix trimestres consécutifs de bénéfices et qui se targue d’avoir un capital et une solvabilité solides, pourrait incarner la chute d’un nouveau domino alors que la crise bancaire menaçait les États-Unis et l’Europe. 

deutsche bank

Le sauvetage d’urgence du Credit Suisse par UBS, dans le sillage de l’effondrement de la banque américaine Silicon Valley Bank, a déclenché des craintes de contagion parmi les investisseurs, craintes qui ont été renforcées par un nouveau resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine il y a une dizaine de jours. Les banques centrales et les régulateurs avaient espéré que l’accord de sauvetage du Crédit Suisse, négocié par les autorités suisses, contribuerait à calmer les inquiétudes des investisseurs quant à la stabilité des banques européennes. Mais la chute de l’institution suisse, vieille de 167 ans, et le bouleversement des règles de hiérarchie des créanciers pour effacer 16 milliards de francs suisses (17,4 milliards de dollars) d’obligations AT1 (Additional Tier One) du Crédit Suisse, ont laissé le marché sceptique quant à la capacité de l’accord à contenir les tensions dans le secteur.

Ces dernières années, la Deutsche Bank a subi une restructuration de plusieurs milliards d’euros visant à réduire les coûts et à améliorer la rentabilité. Le prêteur a enregistré un bénéfice net annuel de 5 milliards d’euros (5,4 milliards de dollars) en 2022, soit une hausse de 159 % par rapport à l’année précédente. Son ratio CET1 – une mesure de la solvabilité bancaire – s’élevait à 13,4 % à la fin de 2022, tandis que son ratio de couverture des liquidités était de 142 % et son ratio de financement stable net de 119 %. Ces chiffres n’indiquent pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter de la solvabilité ou de la position de liquidité de la banque. Le chancelier allemand Olaf Scholz a d’ailleurs déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles le vendredi 24 mars que la Deutsche Bank avait « réorganisé et modernisé en profondeur son modèle d’entreprise et qu’elle était une banque très rentable », ajoutant qu’il n’y avait pas lieu de spéculer sur son avenir.

Certaines des inquiétudes concernant la Deutsche Bank se sont concentrées sur son exposition à l’immobilier commercial américain et sur son important portefeuille de produits dérivés. Cependant, la société de recherche Autonomous, une filiale d’AllianceBernstein, a rejeté vendredi ces préoccupations comme étant à la fois « bien connues » et « pas très effrayantes », soulignant les « positions robustes en matière de capital et de liquidités » de la banque. « Nous n’avons aucune inquiétude quant à la viabilité de Deutsche ou à ses marques d’actifs. Pour être tout à fait clair, Deutsche n’est PAS le prochain Credit Suisse ». Contrairement au prêteur suisse sinistré, ils ont souligné que Deutsche est « solidement rentable », et Autonomous prévoit un rendement sur la valeur comptable tangible de 7,1% pour 2023, passant à 8,5% d’ici 2025.

Alors pourquoi Deutsche Bank a t-il chuté? Selon JPMorgan, l’effondrement du Crédit Suisse s’explique par une combinaison de trois causes. Il s’agit d’une “série d’échecs de gouvernance qui ont érodé la confiance dans les capacités de la direction », d’un contexte de marché difficile qui a entravé le plan de restructuration de la banque, et de « l’attention nouvelle et intense du marché sur le risque de liquidité » dans le sillage de l’effondrement de la SVB. Si ce dernier élément s’est avéré être le déclencheur final, la banque de Wall Street a affirmé que l’importance de l’environnement dans lequel le Credit Suisse essayait de réformer son modèle d’affaires ne pouvait pas être sous-estimée, comme l’illustre une comparaison avec la Deutsche. La banque allemande a connu son lot de pressions et de maladresses en matière de gouvernance et, à notre avis, elle disposait au départ d’une franchise de bien moindre qualité qui, bien que nettement moins endettée aujourd’hui, a toujours une base de coûts relativement élevée et s’est appuyée sur sa franchise de négoce FICC (revenu fixe, devises et matières premières) pour la génération de capital organique et la réévaluation du crédit », ont déclaré les stratèges de JPMorgan dans une note du vendredi 24 mars. Ils ont ajouté que, quelle que soit la qualité de la franchise, les événements de ces derniers mois ont prouvé que de telles institutions « reposent entièrement sur la confiance ».

Alors que les maladresses de Deutsche en matière de gouvernance n’ont pas pu « coûter » à la banque la moindre perte de franchise, celles de Credit Suisse ont été immédiatement sanctionnées par des sorties d’investisseurs dans la division Wealth Management, ce qui aurait dû être considéré comme le « joyau de la couronne » de la banque ayant aggravé les pertes du compte de résultat de la banque », ont-ils fait remarquer. Au moment de l’effondrement de SVB, le Credit Suisse était déjà sous le feu des projecteurs en raison de sa position en matière de liquidités et avait subi des sorties de fonds massives au quatrième trimestre 2022, qui ne s’étaient pas encore inversées. JPMorgan n’a pas été en mesure de déterminer si les sorties de fonds sans précédent subies par la banque suisse avaient été accumulées par elle-même à la lumière de la faillite de SVB, ou si elles avaient été motivées par la crainte de ces sorties de fonds et par le « manque de conviction dans les assurances de la direction ».

Quoi qu’il en soit, la leçon pour les investisseurs (et même les émetteurs) est claire : en fin de compte, la confiance est essentielle, qu’elle provienne de la toile de fond du marché dans son ensemble (rappelant à nouveau la réévaluation plus réussie de la Deutsche Bank), ou de la capacité de la direction à fournir plus de transparence à des mesures de liquidité autrement opaques.

???? Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Orpea annonce l’ouverture d’une procédure de sauvegarde accélérée.
  • Accor propose de renouveler le mandat de Sébastien Bazin le 17 mai.
  • Walt Disney a lancé la première phase de son plan de licenciement, portant sur 7000 suppressions de postes, en supprimant au passage sa division métavers.
  • Berkshire Hathaway monte à 23,6% d’Occidental Petroleum.
  • Société générale, BNP Paribas et sa filiale Exane, Natixis (BPCE) et HSBC perquisitionnées dans l’affaire d’évasion fiscale CumCum.
  • Alibaba prévoit de se scinder en six dans le cadre d’une restructuration radicale.
  • UBS rappelle Sergio Ermotti à la direction générale après le rachat de Credit Suisse, Ralph Hamers étant focalisé sur le rapprochement.
  • Nestlé serait intéressé par un rachat de la division animale de BRF, selon Bloomberg.
  • Jamie Dimon, de JPMorgan Chase, sera interrogé dans le cadre des poursuites engagées contre Epstein.
  • Apple lance son service « Achetez maintenant, payez plus tard » aux États-Unis.
  • Le patron de Vinci Autoroutes veut des panneaux solaires le long des infrastructures.
  • Réalités et Keys REIM créent une coentreprise de 40 M€ pour financer des projets immobiliers à impact.
  • Warner Music supprime 4% de son personnel dans le monde.
  • Suez, filiale de Veolia, a réorganisé ses activités en deux divisions opérationnelles correspondant aux deux métiers du groupe, l’eau et le recyclage des déchets.
  • Cegedim crée « Cegedim Business Services », un nouveau pôle dédié aux entreprises.
  • Believe acquiert la plateforme d’édition musicale Sentric.
  • Nestlé en course pour acheter Capital Foods en Inde pour 1 Md$.
  • Shell va scinder ses activités mondiales d’énergies renouvelables, comprenant notamment l’éolien et le solaire, rapporte Bloomberg.
  • SAP veut entrer dans le capital de la start-up allemande d’IA Aleph Alpha, selon FAZ.
photo de profil
Ruben Brami
Auteur
Fondé par un ancien de Rothschild & Co à Paris, Twenty-Six Patrimoine propose une approche 360 de la gestion de ses patrimoine à ses clients. Moderne, ingénieux et hybride, entre un cabinet traditionnel et un family office, notre volonté est de...
Partagez cet article :

Écrire un commentaire

Articles similaires