optimiser sa fiscalité grâce aux crédits d’impôts, les prix de l’immobilier virent au rouge et le portefeuille 60/40 est-il une « chose du passé » ?

Par Ruben Brami, Twenty-Six Patrimoine

???? Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

  • Le re-réveil de la Chine

Alors que les marchés sont toujours embourbés dans le tryptique taux-croissance-inflation, la Chine envoie enfin quelques signaux positifs et cette perspective d’une reprise de l’économie chinoise soutient la tendance. L’activité des services en Chine a fortement progressé en février. L’indice PMI publié par Caixin a progressé à 55 points le mois dernier après 52,9 en janvier. Aussi, selon le Bureau national chinois des statistiques, la Chine reste la deuxième économie mondiale en 2022, avec un PIB en hausse de 3%, évalué à 17.450 milliards de dollars américains (soit 121.020 milliards de yuans). Mais si les bonnes statistiques économiques dévoilées par Pékin prêtent à l’optimisme sur la capacité du pays à sortir de sa torpeur, les financiers préfèrent à court terme opter pour la prudence en attendant les conclusions de la prochaine réunion annuelle du Parlement chinois.

  • Les propos accommodants du président de la Réserve fédérale d’Atlanta

Les taux souverains européens et américains ont connu une nouvelle hausse dans le sillage de statistiques économiques résilientes (inflation, activité et prix à la production aux Etats-Unis notamment). Ces dernières ont alimenté une inquiétude croissante des investisseurs quant à l’évolution de la politique monétaire de la Fed dont le dernier comité a insisté sur l’orientation « insuffisamment restrictive » de sa politique. Raphael Bostic, le président de la Réserve fédérale d’Atlanta, s’est prononcé pour une augmentation des taux « lente et régulière » d’un quart de point et a estimé en outre que la Fed pourrait être en mesure de suspendre ses hausses de taux à l’été. Bien qu’il ne soit pas un membre votant du comité de politique monétaire de la Fed cette année, ses commentaires ont permis aux actions américaines de rebondir jeudi et aux rendements obligataires de refluer

  • Des inquiétudes géopolitiques grandissantes, une inflation qui résiste

La saison des résultats touche tout doucement à sa fin, la quasi-totalité des groupes de l’indice parisien ayant publié les comptes annuels. A l’issue de cette nouvelle semaine de publications, 34 des 38 groupes du CAC 40 publiant des résultats annuels ont rendu leur verdict. Manquent encore à l’appel Veolia, Thales, Eurofins, Vivendi. Le groupe TotalEnergies est en tête de liste avec un bénéfice net de 6,7 milliards d’euros pour l’année 2021, suivi par Sanofi avec un bénéfice net de 4,3 milliards d’euros. D’autres entreprises telles que LVMH, Société Générale et BNP Paribas ont également enregistré des bénéfices annuels importants. Deux groupes ont publié des pertes en raison d’éléments exceptionnels. Plombé par une charge de 2,3 milliards d’euros liée à sa sortie de Russie, Renault a accusé une perte nette de 338 millions d’euros. La plus forte perte est à mettre au passif de Safran, qui a perdu près de 2,5 milliards d’euros en raison d’une charge de 5 milliards d’euros dues à des pertes sur des instruments de couverture de changes. Mais cet élément traduit une pure écriture comptable sans incidence sur la trésorerie de la société.

????️ Le dossier de la semaine : optimiser sa fiscalité grâce… aux crédits d’impôts

Il y a trois semaines nous lancions une nouvelle série d’articles sur les différents leviers de l’optimisation fiscale. Après avoir vu les différentes manières d’optimiser sa fiscalité grâce aux déductions et réductions d’impôts, nous allons finir cette série cette semaine avec les différents dispositifs de crédits d’impôts. Pour rappel, le crédit d’impôt, comme la réduction fiscale, est une somme déduite du montant total d’impôt dû. Cependant, contrairement à la réduction d’impôt, si le montant du crédit d’impôt est supérieur à l’impôt, le surplus sera remboursé par la Direction Générale des Finances Publiques (à partir de 8€). Le crédit d’impôt est destiné à tous les ménages et concerne, entre autres, certains travaux effectués sur une résidence principale, les frais de garde d’enfants et les emplois à domicile. Voici des exemples de dépenses ouvrant droit à un crédit d’impôt :

  • Emploi d’un salarié à domicile

Les activités relevant de ce dispositif sont les services rendus à domicile à caractère familial ou ménager. Sont notamment concernées la garde d’enfants, le soutien scolaire, la préparation de repas à domicile, l’assistance aux personnes âgées ou en situation de handicap, l’entretien de la maison et travaux ménagers. 

Le montant du crédit d’impôt est égal 50 % des dépenses engagées dans l’année, dans la limite d’un plafond de 12 000 € par an majoré de 1 500 € dans les cas suivants :

-par enfant à charge ou rattaché (750 € en cas de garde alternée)

-par membre du foyer fiscal âgé de plus 65 ans

-par ascendant âgé de plus de 65 ans.

La majoration du plafond de 12 000 € ne peut pas dépasser la limite de 15 000 €. Toutefois, ce plafond majoré de 15 000 € peut être dépassé si :

-Vous bénéficiez pour la première fois du dispositif de crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile : le plafond est alors fixé à 18 000 €.

-Vous ou un membre de votre foyer fiscal est invalide ou bénéficiaire du complément d’allocation d’éducation spéciale de l’enfant handicapé : le plafond est alors fixé à 20 000 €.

  • Achat et installation d’un système de charge pour véhicule électrique

Vous pouvez bénéficier d’un crédit d’impôt si vous faites installer une borne de recharge de véhicule électrique dans votre résidence principale ou secondaire. Le crédit d’impôt est limité à deux systèmes de charge pour un même logement pour un couple et vous pouvez bénéficier du crédit d’impôt si vous êtes propriétaire ou locataire ou occupant à titre gratuit. Vous bénéficiez d’un crédit d’impôt égal à 75 % du montant des dépenses et l’avantage est limité à 300 € par système de charge. Attention, le crédit d’impôt concerne les dépenses que vous avez effectivement payées. Si elles vous sont remboursées dans les 5 ans, vous devrez rendre le crédit d’impôt (sauf si le remboursement fait suite à un sinistre survenu après le paiement des dépenses). 

  • Cotisations syndicales des salariés et pensionnés

Pour les salariés n’ayant pas opté pour la déduction de leurs frais réels, ainsi que pour les retraités, les cotisations syndicales ouvrent droit à un crédit d’impôt. Il s’agit de sommes versées à un syndicat professionnel représentatif assurant la défense de salariés ou de fonctionnaires. Le crédit d’impôt est égal à 66% du total des cotisations versées. Toutefois, ce montant ne peut excéder 1% du montant des traitements, salaires, avantages en nature ou en argent, pensions, rentes viagères à titre gratuit payés à l’adhérent, diminué des cotisations sociales déductibles. Toutefois, si vous avez opté pour la déduction des frais réels au titre de vos traitements et salaires, vous devez inclure les cotisations syndicales dans les frais réels et par conséquent, vous ne pouvez pas bénéficier du crédit d’impôt.

Pour rappel, même si certains dispositifs ne rentrent pas dans le calcul, attention au plafonnement global des niches fiscales : le total de vos avantages fiscaux ne peut pas vous procurer une diminution du montant de l’impôt dû supérieure à 10 000 €. 

Pour finir cette série, je vais répondre à une question que j’ai reçu d’un lecteur : entre la réduction et le crédit d’impôt, lequel s’enlève en premier ? Cette question un peu technique est primordiale. Comment le fisc gère-t-il la déduction en présence d’une réduction et d’un crédit d’impôt ? En effet, il est plus intéressant que la réduction s’impute en priorité, car elle n’est pas restituée s’il n’y a pas d’impôt. Et c’est le cas car les impôts prennent le soin de toujours imputer les réductions d’impôt en premier. C’est une excellente nouvelle pour le contribuable. L’impôt est effacé en priorité par les réductions d’impôt, ce qui permet d’optimiser la restitution des crédits d’impôt. 

???? Immobilier : pourquoi les prix virent au rouge ?

Après plusieurs mois d’attente, la baisse du marché immobilier semble se confirmer. Les professionnels de l’immobilier sont tous d’accord pour dire qu’il y a eu un ralentissement du marché immobilier ancien depuis le deuxième semestre de 2022, avec une forte diminution de la hausse des prix et des transactions. Dès juillet 2022, Century 21 France avait remarqué une baisse générale des prix. Selon leurs prévisions, la baisse des prix débutée en 2022 devrait continuer et atteindre une baisse de 5% à 7% en 2023. En même temps, le nombre de ventes devrait baisser de 3% à 5%, mais avec plus d’un million de transactions, le volume reste élevé, mais cela indique un changement de tendance. Cependant, ce scénario est différent de celui d’autres professionnels qui prévoient une baisse plus marquée des ventes. Pour la première fois en neuf ans, les prix de l’immobilier enregistrent une baisse partout dans l’Hexagone. Pas seulement en Île-de-France, comme c’était déjà le cas l’an dernier, mais aussi dans la majorité des grandes villes et des territoires ruraux.

Les exceptions sont à chercher du côté des villes qui avaient moins progressé et qui continuent à attirer, notamment des Parisiens. Selon Meilleurs Agents, Brest a pris 0,4 % depuis décembre, à 2 437 € du m2, et Le Mans, + 3,8 %, à 2 030 €. Quant aux zones rurales, elles jouaient, depuis la pandémie du Covid, un rôle de locomotive du marché. Ce n’est plus le cas puisque les prix y reculent de 0,4 %, constate Meilleurs Agents. « Des maisons avaient grimpé de 10 à 15 %, sans raison structurelle. Cette hausse artificielle est en train d’être gommée »​, commente Yann Jéhanno, de Laforêt.

Si les prix virent au rouge, c’est surtout dû à la hausse des taux d’intérêt et à ses conséquences sur la solvabilité des candidats à l’achat. Par exemple, un taux à 3 % sur vingt ans, contre 1 % l’an dernier, fait perdre 18 % de capacité d’emprunt, selon les calculs de Meilleurs Agents. Or, « les taux sur vingt ans pourraient se rapprocher de 4 % »​, prévient Thomas Lefebvre. Conséquence, « dans les grandes villes, les prix ne correspondent plus aux capacités financières de la population »​, résume le réseau Orpi. Les banques sont aussi beaucoup plus frileuses et n’accordent pas de crédit facilement. La remontée du taux d’usure au 1er mars permets de faire passer un peu plus de dossiers que pendant le mois de février mais à la marge. 

Voici pour conclure quelques conseils pour obtenir un crédit malgré la difficulté à en obtenir un en ce moment : 

  • constituer vous un apport, si possible entre 10 et 20 % du montant total du crédit ;
  • éviter les découverts avant la demande ;
  • constituer un dossier propre ; 
  • passer par un courtier.

???? Économie : le portefeuille 60/40 est-il une chose du passé ?

Constituer un portefeuille d’investissement signifie déterminer la bonne combinaison d’actifs pour vous aider à atteindre vos objectifs à court et à long terme. L’une des approches les plus conventionnelles que les conseillers financiers et les experts suggèrent est le portefeuille 60/40. Elle consiste à construire des portefeuilles qui sont alloués à 60% aux actions et 40% aux obligations. Par exemple, la mise en œuvre la plus simple de cette stratégie consisterait à acheter un ETF World et des obligations via un ou plusieurs OPCVM. Toutefois, de nombreuses études montrent que l’année 2022 a été la pire année que le « portefeuille 60/40 » ait connue depuis 1926.

En effet, les portefeuilles composés à 60% d’actions et à 40% d’obligations ont perdu 17% en 2022, selon BlackRock, leur pire performance depuis au moins 1999. La corrélation inverse entre les obligations et les actions – l’hypothèse selon laquelle lorsque le prix de l’un augmente, l’autre baisse – a aidé à équilibrer les portefeuilles depuis les années 1980. Les investisseurs ont utilisé la répartition 60/40 comme guide pendant des décennies de faible volatilité connue sous le nom de Grande Modération (période de l’histoire économique de l’Occident qui, du milieu des années 1980 jusqu’à la crise financière mondiale de 2007-2008, voit à la fois l’inflation chuter, les taux d’intérêt demeurer faible, et la volatilité du cycle des affaires se réduire). Les rendements des portefeuilles 60/40 étaient en moyenne d’environ 7 % entre 1999 et 2022, selon BlackRock. Mais cette relation s’est rompue l’année dernière lorsque la flambée de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont touché à la fois les obligations et les actions.


Dans l’environnement actuel, une approche stéréotypée ne fonctionne pas ou plus. Les investisseurs devraient détenir des portefeuilles beaucoup plus diversifiés pour offrir des rendements similaires à leurs moyennes à long terme. Une plus grande allocation sur les marchés privés – qui peut inclure le capital-investissement, le capital-risque et les actifs réels tels que l’immobilier – est considérée par de nombreux experts comme un moyen d’ajouter du lest à la volatilité des actifs cotés en bourse. Selon le Co-Chief Investment Officer de Morgan Stanley, Jim Caron, c’était lorsque les taux d’intérêt étaient en baisse, de 1980 à 2021 qu’a été préconisé ce portefeuille 60/40. Mais si les taux d’intérêt se contentent d’évoluer latéralement ou même de dériver légèrement à la hausse, alors le concept d’un équilibre 60/40 dans un portefeuille pour générer des rendements stables au fil du temps comme cela a été le cas au cours des 40 dernières années, ne produit plus les mêmes résultats. Il a ainsi estimé que l’évolution du contexte sur les marchés financiers implique qu’il faut penser à des portions différentes et plus dynamiques d’actions et d’obligations pour équilibrer les risques et produire des rendements plus stables ».

Cependant, ce modèle d’allocation traditionnel se porte beaucoup mieux depuis le début de l’année, avec une performance moyenne de 6.2% en janvier selon des données partagées par BofA, à comparer à une performance de 6.3% pour le S&P 500. A noter que Jim Caron ne pense pas pour autant qu’il faille se détourner des obligations. Selon lui, les titres à revenu fixe constituent aujourd’hui une « bonne opportunité » pour les investisseurs.

???? Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Apple remplacerait Lumentum par Sony pour les composants de l’iPhone.
  • Axa va céder sa participation de 7,9% dans Banca Monte dei Paschi di Siena.
  • Eurazeo investit dans l’opérateur régional de data centers Etix.
  • Shell a songé à quitter l’Europe pour s’installer aux Etats-Unis, selon le Financial Times.
  • Banco Santander lance un programme de rachat d’actions de 921 M€.
  • Tesla dévoile sa vision pour une énergie durable, mais pas de nouveaux produits, ce qui a fait flancher le titre post-clôture jeudi à Wall Street.
  • Veolia : après un exercice historique en 2022 par le niveau des bénéfices, la progression des résultats devrait continuer cette année.
  • Lufthansa va commander 22 long-courriers, dont 15 Airbus.
  • Eiffage décroche un contrat sur le métro de Toulouse.
  • Ipsen conclut le rachat d’Albireo Pharma.
  • Silvergate (une banque californienne qui traite principalement des transactions de crypto-monnaie) s’effondre de 58% à la clôture après avoir émis des doutes sur sa pérennité.
  • Citigroup va supprimer des centaines d’emplois en banque d’investissement et dans les prêts immobiliers.
  • Ford va relancer la production du F-150 Lightning le 13 mars.
  • Walmart va presque doubler le nombre de ses centres de santé aux États-Unis d’ici 2024.

Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

  • https://www.broker-forex.fr/portefeuille-investissement-60-40.php
  • https://fr.investing.com/news/stock-market-news/le-portefeuille-6040-est-une-chose-du-passe-selon-morgan-stanley-2158577
  • https://www.ouest-france.fr/economie/immobilier/immobilier-pourquoi-tous-les-prix-virent-au-rouge-d4bcf1aa-b84d-11ed-a6d8-fca93d3c5f9b
  • https://www.economie.gouv.fr/particuliers/credit-impot-services-personne#https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35578
  • https://www.francetvinfo.fr/economie/immobilier/prix-immobilier/immobilier-des-prix-en-baisse-partout-en-france_5689304.html
  • https://www.acecredit.fr/fr/actualites/immobilier-une-baisse-des-prix-de-5-a-7-en-2023.html
  • https://www.bouygues-immobilier.com/projet-immobilier-neuf/creer-mon-projet/financer-mon-projet/prets-immobiliers/constituer-votre-dossier/cinq-conseils-pour-booster-votre-dossier
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Ruben Brami
Auteur
Fondé par un ancien de Rothschild & Co à Paris, Twenty-Six Patrimoine propose une approche 360 de la gestion de ses patrimoine à ses clients. Moderne, ingénieux et hybride, entre un cabinet traditionnel et un family office, notre volonté est de...
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