Connaissez-vous l’expression « too big to fail ? ». L’expression fait référence aux banques dont la faillite pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’ensemble du système financier mondial, mais aussi pour l’économie réelle. Il n’y en a d’ailleurs que 30 dans le monde qui ont une “importance systémique mondiale” ainsi que les nomme le Conseil de stabilité financière (CSF), un organisme de surveillance international. Parmi cette liste de banque « trop grosses pour faire faillite », on retrouve le Crédit Suisse qui vient d’être racheté par son principal concurrent UBS pour un peu plus de 3 milliards d’euros. Retour sur le sauvetage le plus important de la décennie.

Tout est parti d’une déclaration de la Saudi National Bank, premier actionnaire du Crédit Suisse, deuxième banque suisse la plus importante après UBS. Suite aux faillites de la Silicon Valley Bank et d’autres établissements bancaires américains la semaine précédente, son président a en effet indiqué qu’il n’augmenterait pas son soutien au Crédit Suisse en cas de difficultés. Or cette banque connaît une situation délicate depuis bien longtemps : division par quatre du prix de l’action, problème de gestion des risques, des problèmes structurelles et surtout des scandales à répétition (corruption en Afrique, espionnage, fraude fiscale et j’en passe…). Sauf que cette annonce a provoqué une panique telle sur le marché que mercredi dernier, le cours de l’action du Crédit Suisse s’est effondré de 25% en Bourse, entraînant dans son sillage de nombreuses banques européennes.

Face à cette chute effroyable, la banque centrale suisse n’a pas eu d’autre choix que de débloquer en urgence, mercredi 15 mars, une ligne de crédit de 50 milliards de dollars au Crédit Suisse pour répondre à la crise de liquidité qu’elle traverse face au nombre grandissant de demandes de retraits. Selon le Financial Times et Blick, les clients de la banque ont retiré 10 milliards de francs suisses en une seule journée en fin de semaine dernière. Le Crédit Suisse a bien les fonds nécessaires, mais ils sont placés sur des actifs à long terme. Il faudrait alors les vendre afin d’en disposer rapidement, ce que la banque a refusé, car cela risquerait d’être interprété comme un signe de mauvaise santé financière par les investisseurs.

La situation était tellement catastrophique et dangereuse pour le système financier mondial, qu’il n’a fallu ensuite que quelques heures pour que UBS, le numéro 1, rachète avec l’aide de l’Etat le numéro 2. « C’est le meilleur moyen d’assurer la confiance », a lancé le président de la Confédération helvétique, Alain Berset au cours d’un point de presse dimanche en début de soirée à Berne pendant lequel il a annoncé l’accord. Le montant du rachat de Crédit Suisse s’élève à 3 milliards de francs suisses (3,02 milliards d’euros), payables en actions UBS, pour une banque qui en valait près du triple vendredi à la clôture de la Bourse. Le prix est certes intéressant, mais en vérité, l’opération n’a aucun sens pour manque de synergie. C’est bien la preuve qu’il fallait surtout sauver la banque et éviter une panique financière. On peut même ici faire le parallèle avec la banque Bear Stearns qui avait été racheté dans des circonstances similaires par JP Morgan en mars 2008, quelques mois avant la crise des subprimes et la chute de Lehman Brothers.

Pour conclure, les autorités européennes ont beau répéter que le système bancaire européen est plus solide que de l’autre côté de l’Atlantique, ce qui est vrai grâce notamment à la réglementation mise en place après la crise de 2008. Toutefois, si le Crédit Suisse aurait dû tomber, il y aurait forcément eu d’autres victimes prises par la vague. Comme l’a si bien dit en 2008 le milliardaire Warren Buffett, c’est quand la mer se retire, que l’on voit ceux qui nagent nus…

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Ruben Brami
Auteur
Fondé par un ancien de Rothschild & Co à Paris, Twenty-Six Patrimoine propose une approche 360 de la gestion de ses patrimoine à ses clients. Moderne, ingénieux et hybride, entre un cabinet traditionnel et un family office, notre volonté est de...
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