Faut-il s’inquiéter de la chute des marchés de la semaine dernière ?

Après une perte de 2 % la semaine dernière due à une vente massive en fin de semaine, les marchés d’actions sont restés sous pression ce lundi, avec le S&P 500 en baisse de 3 %. Le Dow Jones et le Nasdaq ont suivi une trajectoire similaire, avec des baisses respectives de 2,6 % (soit 1 034 points) et de 3,4 %. Cette différence de performance entre les trois indices met en évidence le rôle des actions technologiques dans ce déclin.

I. Les raisons de cette chute :

Les raisons de cette chute sont multiples. Tout d’abord, les inquiétudes croissantes concernant une récession ont été un facteur majeur. Le retournement récent des marchés boursiers américains est en grande partie alimenté par des craintes de récession, qui ont été déclenchées par un rapport sur l’emploi aux États-Unis jugé plus faible que prévu la semaine dernière. Ce rapport a semé le doute quant à la solidité de l’économie américaine, accentuant la nervosité des investisseurs.

En parallèle, les marchés mondiaux ont également subi une pression significative, notamment l’indice Nikkei du Japon, qui a chuté de 12 %. Cette divergence s’explique probablement par les différences de politiques monétaires : le Japon ayant récemment augmenté ses taux, alors que la plupart des autres grandes banques centrales ont opté pour des réductions de taux et des politiques plus accommodantes. Ces décisions ont provoqué des perturbations sur le marché du yen et des changes, contribuant à la sous-performance du Nikkei et, par ricochet, affectant les marchés financiers mondiaux.

Les actions technologiques, en particulier, ont joué un rôle central dans cette baisse. Des géants comme Apple et NVIDIA ont vu leurs valeurs chuter, entraînant une baisse générale des indices. Les secteurs de la technologie et des services de communication, qui avaient dominé le marché pendant une grande partie de l’année, ont été les plus touchés. En revanche, les secteurs dits défensifs ont mieux résisté, même si tous les secteurs et classes d’actifs ont terminé la journée en baisse.

Enfin, les obligations ont offert un refuge aux investisseurs, soutenant ainsi les portefeuilles équilibrés dans un contexte de marché en mode « risk off ». Les obligations du Trésor américain ont vu leurs rendements baisser, passant sous les 3,8 % pour la première fois depuis plus d’un an, ce qui témoigne de la fuite des capitaux vers des actifs jugés plus sûrs. À cela s’ajoutent les inquiétudes géopolitiques, notamment la montée des tensions au Moyen-Orient, avec des menaces d’une frappe de représailles iranienne contre Israël, ce qui a contribué à l’atmosphère prudente sur les marchés.

II. Ce qu’il faut retenir de cette chute :

Les points essentiels à retenir de cette chute sont variés et apportent un éclairage important sur la situation actuelle des marchés.

Tout d’abord, la réaction aux craintes de récession semble exagérée par rapport à la réalité. Bien que les gros titres mettent en avant une probabilité accrue de récession, nous estimons que l’augmentation réelle de cette probabilité est bien plus modeste. En d’autres termes, l’économie n’est pas significativement plus proche d’une récession aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a deux semaines, lorsque les marchés étaient proches de leurs sommets historiques. Le rapport sur l’emploi de la semaine dernière était certes décevant, mais il ne signale pas, à notre avis, un effondrement imminent du marché du travail ou de la consommation.

Ensuite, il est important de noter que la technologie, qui a été un moteur majeur de la hausse des marchés cette année, est maintenant en train de freiner cette progression. Les grandes capitalisations technologiques, après avoir mené la hausse, sont désormais en retard, ce qui montre que la baisse récente du marché est principalement due à la correction des segments les plus surchauffés, plutôt qu’à une vente généralisée des actions.

Un autre point crucial est l’existence de stabilisateurs naturels qui peuvent atténuer les craintes ayant provoqué ce recul. Nous pensons que cette situation renforce la possibilité que la Réserve fédérale commence son cycle de réduction des taux dès septembre. Des politiques monétaires plus accommodantes et la baisse des taux d’intérêt à long terme devraient offrir un soutien supplémentaire à l’économie. Bien que le débat se poursuive sur la rapidité avec laquelle la Fed pourra réagir pour amortir l’économie, il est généralement admis qu’une politique monétaire plus souple constitue un vent favorable pour les marchés financiers.

Bien que les replis du marché soient toujours inconfortables, il est essentiel de garder une perspective plus large. La volatilité, bien que désagréable, est un phénomène normal et peut même être bénéfique pour la santé à long terme des marchés. Avec un recul de moins de 10 % par rapport à son plus haut historique et une performance encore positive en 2024, le S&P 500 montre que, malgré la baisse récente, les fondations de ce marché haussier restent solides. Nous pensons que cette correction est plus une réaction naturelle après un rallye prolongé qu’un signe de faiblesse profonde des fondamentaux économiques.

III. Alors, on s’inquiète ?

Les replis du marché sont toujours inconfortables, mais les investisseurs ne devraient pas paniquer. La volatilité a fait son retour après une période particulièrement calme sur les marchés en 2024. Bien qu’une baisse de mille points du Dow puisse sembler inquiétante, il est utile de garder une perspective pendant des phases comme celle-ci. Par exemple, la volatilité est normale, voire saine. En moyenne, le marché boursier connaît trois baisses de 5 % et une correction de 10 % chaque année. En 2024, avant ces derniers jours, le marché n’avait connu qu’un seul repli de 5 %.

Enfin, même avec la baisse de lundi, le S&P 500 n’a baissé que d’un peu plus de 8 % par rapport à son plus haut historique et reste en hausse de plus de 8 % en 2024, avec une progression de plus de 25 % depuis le repli d’octobre dernier.

En somme, nous ne minimisons pas l’impact de ce repli, ni ne suggérons qu’il s’inversera aussi rapidement qu’il est apparu. Mais selon nous, cela ressemble davantage à une correction naturelle après un rallye prolifique pendant la majeure partie de 2024, qu’à un signe d’une détérioration des bases fondamentales de ce marché haussier. Nous pensons que l’économie n’est pas sur le point de basculer dans une récession, les bénéfices des entreprises continuent d’augmenter, et la Fed est sur le point de commencer à réduire les taux. Cette combinaison n’a pas subi de changement négatif significatif la semaine dernière, malgré ce que les gros titres et la vente des actions pourraient suggérer. Il est possible que la volatilité continue et que la faiblesse persiste encore un certain temps mais nous pensons que les fondements de ce marché haussier restent intacts et que cette baisse finira par s’avérer temporaire.

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Ruben Brami
Auteur
Fondé par un ancien de Rothschild & Co à Paris, Twenty-Six Patrimoine propose une approche 360 de la gestion de ses patrimoine à ses clients. Moderne, ingénieux et hybride, entre un cabinet traditionnel et un family office, notre volonté est de...
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